Approvisionnement en soins – plus pour moins ?
Le secteur de la santé en Suisse se trouve dans une spirale des coûts. Sa forte fragmentation et un mélange de régulation étatique et de concurrence entraînent des inefficacités, des processus complexes et des comportements d’investissement qui ne sont pas toujours rentables. Cela met en danger les principes fondamentaux ancrés dans la LAMal en termes d’économicité, d’adéquation et d’efficacité et pèse, en fin de compte, sur le budget de toutes les personnes impliquées. Des facteurs qui contribuent également au fait que le système de santé suisse est considéré comme l’un des plus chers au monde. Dans le même temps, des études internationales révèlent que les services de soins en Suisse sont qualifiés à juste titre comme exemplaires.
Mais quelle transformation est nécessaire pour le système de l’avenir ? Existe-t-il une option réaliste pour un « monde idéal », dans lequel il serait possible de fournir des prestations de qualité tout en réduisant les coûts ?
Nombreuses sont les branches qui connaissent actuellement de profondes mutations. Selon HSK, il est également urgent et indispensable dans le domaine de la santé et pour le bon fonctionnement du système de remettre en question les structures existantes et de discuter ouvertement de nouvelles solutions. Vous avez l'occasion de participer avec nous à des exposés passionnants et à des discussions animées sur ce sujet brûlant lors de notre conférence annuelle.La fragmentation du paysage hospitalier crée une fausse compétitivité
« Ambulatoire avant stationnaire » – l’un des principaux leviers des coûts a été ancré au 1er janvier 2019 dans l’Ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins (OPAS). Dans ce contexte, la hausse des investissements dans la rénovation et la construction dans les hôpitaux suisses – en particulier dans le secteur stationnaire – semble contradictoire. D’après des sources publiques disponibles, le volume d’investissement se situe entre 15 et 30 milliards de francs, selon la période considérée. Conséquences : coûts en hausse, capacités excédentaires et confort superflu. Parallèlement, une étude estime que 77% des interventions réalisées actuellement en stationnaire pourraient l’être de manière équivalente en ambulatoire. Ce chiffre se réfère aux six groupes de prestations chirurgicales qui, depuis la modification de l’ordonnance sur les prestations dans l’assurance obligatoire des soins en cas de maladie (OPAS), doivent être effectuées en ambulatoire, à condition qu'il n'y ait pas de contre-indications médicales. De tels investissements sont-ils alors encore justifiés dans un pays comme la Suisse, qui affiche une densité hospitalière si élevée ?
Modèle « Best Practice » au Danemark ?
Lors de la conférence d’HSK, la conférencière de Healthcare DENMARK, la Dre Nadja Kronenberger, nous donnera un aperçu de ce qui se passe à l’étranger. Avec son concept de « Superhôpitaux », le Danemark prouve que l’on peut faire autrement. Certes, des investissements importants sont également réalisés dans le paysage hospitalier. Mais ceux-ci sont planifiés et concentrés au niveau central. Le pays dispose d’un système de santé presque entièrement public dont la planification, la gestion et le financement sont contrôlés de manière centralisée. La nouvelle structure hospitalière applique strictement la philosophie selon laquelle tout ce qui peut être traité en ambulatoire est réalisé en ambulatoire. Kronenberger en a fait l’expérience : « Il est possible de faire plus pour moins avec une bonne planification. » Cela exige un système de soins de santé cohérent dans lequel tous les secteurs coopèrent étroitement dans l’intérêt du patient.
Plus ou moins d’approvisionnement en soins – un problème qui concerne tout le monde
Heidi Hanselmann, présidente du gouvernement cantonal et directrice du Département de la santé publique du canton de St-Gall ainsi que présidente de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS), présentera à la conférence la perspective politique. Les thèmes abordés seront d’une grande actualité, tant au niveau national que cantonal. Sur le plan national, il s’agit des mesures définies par le Conseil fédéral, de la régulation du nombre de médecins admis ou du financement uniforme des prestations stationnaires et ambulatoires (EFAS). Heidi Hanselmann abordera quelques sujets d’actualité concernant l’avenir du secteur de la santé dont les recommandations communes de planification hospitalière de la CDS ou le potentiel de la médecine hautement spécialisée (MHS). Elle nous donnera également un aperçu passionnant du projet prévoyant le développement de la stratégie hospitalière dans le canton de Saint-Gall. « En ce qui concerne les services de santé, ce n’est pas seulement la quantité qui compte, mais aussi la qualité. Ce dont nous avons besoin, c’est de soins de santé modernes, sûrs et finançables », affirme Hanselmann. Une coopération habile ainsi que des réseaux en constituent la base. Elle s’engage pour des soins de santé supracantonaux et salue en principe l’introduction de budgets globaux en faveur d’une réduction des coûts.
Amélioration du rapport prix-prestations
Le docteur Jérôme Cosandey, Directeur romand et directeur de recherche Politique sociale chez Avenir Suisse, propose de ne pas améliorer les coûts, mais le rapport prix-prestations. Une nouvelle répartition ne fait que combattre les symptômes. Il estime qu’il faut des solutions qui débouchent sur un meilleur rapport prix-prestations dans les soins de santé. Le problème ? « Tout le monde parle des dépenses croissantes dans le secteur de la santé, mais personne ne veut en assumer la responsabilité. » Selon Cosandey, il faut des « incitations qui encouragent la concurrence, l’innovation et la qualité, par exemple dans le domaine hospitalier ou les soins aux personnes
âgées. » Considère-t-il l’exemple danois comme « Best Practice Case » ? La table ronde à la conférence HSK nous le dira.
Le sens avant l’efficacité
Pour Adrian Schmitter, CEO de l’hôpital cantonal Baden AG, se pose en premier lieu la question sur le sens d’une prestation : « Il n’y a rien de plus absurde que de faire efficacement quelque chose qui ne devrait pas être fait. » Depuis 2016, Schmitter est président Somatique aiguë de l’association des établissements de soins argoviens (Verband Aargauischer Krankenanstalten, VAKA) et occupe le poste de vice-président au comité central. Selon lui, il vaut la peine de remettre en question d’éventuelles offres avant de se consacrer à l’augmentation de l’efficacité. Pour pouvoir assurer la pérennité du secteur de la santé et sa qualité, Schmitter estime qu’il faut notamment des réseaux et une collaboration : « A chaque vallée son hôpital : selon l’OMS, les soins de santé suisses se situent à la première place. Ils reposent sur une large base et sont facilement accessibles. Pour qu’ils restent abordables, les fournisseurs de prestations doivent se mettre en réseau et coopérer. »
Plus pour moins grâce à l’intelligence artificielle ?
Lorsque l’on parle aujourd’hui d’un rapport prix-prestations optimisé dans le secteur de la santé, la numérisation est un thème récurrent. Les possibilités offertes par les technologies numériques telles que l’intelligence artificielle semblent quasiment illimitées. La branche a déjà fait beaucoup en termes de numérisation, notamment au niveau des assureurs. Le potentiel restant est cependant énorme. Des recherches effectuées par le Health Tech Swiss Center dans le cadre de l’étude « digital.swiss » révèle que le secteur de santé suisse est numérisé actuellement à seulement 20 %. Fabian Unteregger, conférencier et animateur de la conférence HSK, estime qu’il est nécessaire de se concentrer à nouveau sur le patient : « Un système efficace doit permettre aux médecins d'atteindre de meilleurs résultats grâce à l’intelligence artificielle. » Mais que signifie vraiment le terme « ‘intelligence artificielle’ » ? Connaissez-vous la différence entre Machine Learning et Deep Learning ? Dans son exposé, Fabian Unteregger n’abordera pas uniquement ces questions, mais soulignera également de façon simple et à l’aide d’exemples concrets le potentiel que représentent les technologies pour le secteur de la santé et notamment pour la qualité et l’efficacité du diagnostic. Que pouvons-nous apprendre du Danemark dans ce contexte ? Et qu’est-ce que les autres experts pensent du potentiel de la numérisation dans le secteur de la santé ? Nos experts estiment-ils qu’il s’agit uniquement d’un buzz ou d’une vision d’avenir réaliste ?
Priorité aux prestations supracantonales et à un cluster homogène
Pour Eliane Kreuzer, de la communauté d’achat HSK, le domaine stationnaire aigu et le domaine ambulatoire des soins hospitaliers peuvent tous deux contribuer à transformer durablement le secteur de la santé : « Aujourd’hui, nous bénéficions d’une importante densité d’hôpitaux avec un spectre de traitement très large. » Cela entraîne des inefficacités et des mauvaises incitations à la concurrence. Des investissements tels que l’élargissement des capacités stationnaires au-delà des besoins en matière de soins du point de vue d’HSK en sont la conséquence. Or, ces investissements ne répondent pas aux prescriptions fédérales (« Ambulatoire avant stationnaire »). HSK tient cependant compte de ces facteurs de manière conséquente dans ses négociations de prix. La solution de son point de vue ? « Surmonter le “cantonalisme” et répartir les hôpitaux dans un cluster homogène. » Cette répartition aide à créer une base solide pour la transparence, la qualité et la comparabilité des données sur lesquelles se fonde le Benchmarking SwissDRG pour le processus de calcul des prix en deux étapes. Lors de la deuxième étape, cet aspect doit avoir une influence sur les négociations à venir. Pour la communauté d’achat HSK, c’est la prochaine étape pour soutenir la stratégie des négociations des prix basée sur les données, qu’elle applique de manière conséquente, avec pour objectif d’obtenir des résultats équitables et appropriés.
Participez à la 8ème réunion de la communauté d’achat HSK
La conférence annuelle aura lieu le 5 septembre dans le Zentrum Paul Klee (ZPK) à Berne sous la devise « Approvisionnement en soins – plus pour moins ». Assistez à des exposés passionnants et participez à des discussions animées avec nos conférenciers lors des tables rondes qui suivront.Nous sommes heureux que Fabian Unteregger, célèbre parodiste et comique, en plus d’animer la journée et de tenir un exposé, présentera également un petit spectacle garantissant ainsi un parfait divertissement. Ses spectacles abordent son parcours professionnel et sa relation particulière avec le secteur de la santé. En effet, il a fait des études de médecine à l’Université de Zurich avec des stages à l’hôpital en Suisse et à l’étranger.
Les invitations seront envoyées au cours des semaines prochaines. Nous nous réjouissons de votre inscription et d’un échange personnel à Berne.
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Date de publication
7. juin 2019